Les îles du bout du monde
Partir dans cet archipel du bout du monde est une rêve longtemps repoussé certainement dû à une injuste méfiance d’une surpopulation musulmane dont Anne vous fera le récit. Bornéo, Sumatra, la Papouasie, Flores, les Moluques ou les Célèbes ici communément appelésla Sulawesi, un archipel aussi grand que les States, un pays transcontinental qui danse sur des volcans et tremble souvent. C’est finalement à Bali que l’on décide de venir se reposer avant d’affronter la belle Javanaise !

Nous sommes accueillis par notre chauffeur Gede, ami de Georges, revêtu d’un teeshirt de l’équipe de France avec ce sourire enjoué des indonésiens qui ne nous quittera plus; cette bonhomie communicative qui les caractérises, avec leurs yeux ronds, ce visage doux, lisse, imberbe. Ils ont cette gentillesse chevillée au corps comme des enfants émerveillés, naïfs et simples, ils traînent une nonchalance communicative comme ces jeunes femme aux yeux fixes de bauvin traînant derrière elles un balai vers une poussière imaginaire. Ici tu laisses ta clé sur ton scooter et sur la porte de ta maison pour peu qu’elle ferme, le sentiment de sécurité est entier sauf sur les routes.

Gede a pour mission de nous piloter jusqu’à Ubud dans le cœur de la jungle de Bali, quarante kilomètres qui se sont transformés en un rallye effréné de 5 heures dans des embouteillages infinis où le chauffeur devient une sorte de dément en donnant au volant les signes de la frénésie la plus totale vers une mort certaine. Et ce n’est pas seulement la vitesse, toujours en excès même dépassant avec difficulté les 25 kil/H qui nous abime, mais doubler en côte en triple positions, accélérer dans les virages puis se raviser face un camion chargé comme une montagne. C’est un ballet incroyable de bans de poissons qui se faufilent, se croisent dans une symphonie tonitruante, scooters par milliers, mini-vans, vélos, camions usés, gros bus de luxe, chiens errants et piétons acrobates.

Au dessus du tableau de bord, les représentations de caractères animaliers des chauffeurs définissent leurs choix culturels. Peluche verte à milles pattes, parfum au doux relent de café, figurines religieuse à foison et le plus énervant, ce chien à cinq têtes que le rythme de la conduite bouscule avec violence en balançant à chaque embardée nous transportant dans une transe hypnotisante.

Sortis de ces routes sordides sans trottoir, parsemées de déchets plastiques et de chahut noirâtre, sorte d’autoroute de la misère, nous arrivons dans la campagne dans une belle chambre d’hôte conseillée par Benjamin et Franck. Nous renouons à un calme apaisant, les villages soignés sont constitués de maisons en pierre de lave noire qui nous font penser à la triste Angleterre, chacune d’entre elles a un ou plusieurs petits temples hindouistes, un beau jardin tropical et des fanions aux couleurs du drapeau national. Des petites épiceries de quartier ici appelées Warung où l’on peu déguster un plat local rythment le paysage.

Alors parlons en de la cuisine, pas fameux, sorti de l’éternel Nasi Gori un riz frit à l’ail et au sauja auquel ont ajoute au choix poisson, poulet ou bœuf, du poisson grillé mais toujours pimenté à l’excès, le fameux rica-rica ou la soupe Soto qu’affectionne Anne pat. Ceci dit, c’est toujours mieux que la cuisine western que l’on nous propose à toutes les mauvaise sauces : fausse pâte bolo, saucisse de bœuf sec, pizza ...

Le cauchemar du tourisme de masse est passé par là, Bali reste une destination très prisée par des voyageurs d’un nouveau genre qui se lève à deux heures du mat pour marcher par milliers dans la nuit avec une lampe frontale et escalader les pentes des multiples volcans pour découvrir à son sommet le lever du soleil ! Et le soir venu tout ce beau monde se retrouve pour fêter l’exploit sur la plage du « Sunset » avec un groupe de musique locale qui fredonne tout le répertoire de bob Marley.

Nous arrivons non sans mal sur la cote Nord de Bali pour prendre le ferry afin de rejoindre Java, dix kilomètres dans une mer très agitée où il est impossible de construire un pont, le port est par conséquent très actif, un pont naval de bateaux rouillés aux couleurs passées se succédant dans une désorde chaotique navigant avec leur grande gueule toute ouverte dans un vacarme et une fumé abrutissants.

Ne pas escalader un volcan dans cet archipel qui en est parsemés serait un crime. Nous avons jeté notre dévolu sur le Bromo encore actif a 3500 m d’altitude conduit par un jeune de 20 ans dans une jeep roulant des heures dans l’univers d’une jungle épaisse qui nous enveloppe. Au sommet Mahault nous supplie d’arrêter le manège, nous traversons la caldeira, sorte de désert qui ressemble étrangement à la Mongolie, des petits chevaux nous attendent pour effectuer le dénivelé qui accède au cratère, gigantesque gouffre d’où émane une forte odeur de souffre, un paysage de film de Star Wars.

Nous proposons au gamin de nous conduire à Surabaya, ville portuaire dynamique à l’esthétique incertaine à la fois moderne et laide avec ses mosquées vert fluo ; mais heureusement nous trouvons un hôtel dans un palais colonial agrémenté d’un jardin luxuriant au charme suranné qui nous fait oublier tous ces faux hôtels au style retro-colonial en béton et aux couleurs criardes tenus par des jeunes perdus soufflant un anglais approximatif en nous passant au téléphone « le boss » qui doit être dans son palais à Jakarta.

Nous rencontrons au bar art déco des jeunes sur un fond de karaoké qui nous expliquent jusqu’à l’aube la dure réalité du travail dans ce pays nouvellement indépendant et démocratique mais toujours émergeant car les ressources naturelles sont transformées par l’occident. Ici le salaire moyen est de 3800 euros par an. Comme souvent dans ces anciennes colonies devenus des pays sous développés à l’éducation réduite au minimum, la population jongle dans un déséquilibre effrayant de misère. Si nous avons échoué dans la colonisation par notre avidité, la décolonisation est a n’en pas douter bien pire, un semblant de démocratie saupoudrée d’un capitalisme excessif et d’une corruption importée.

Les Bataves dans leurs grande mansuétude ont construit des voies de chemin fer à Java. Nous nous empressons de cueillir un billet à la gare, au guichet une ribambelle d’adolescents rivés sur leur portable regarde des séries coréennes et ose à peine nous jeter une œillade, nous quémandons un billet pour Solo, une jeune enturbannée décroche son Google Translate qui nous explique qu’ils vendent des billets que pour le jour même et dans une pays de 250 millions d’habitants et deux lignes de train c’est peine perdue, complet ! Mais il reste quelques places disparates pour demain et ils faut aller les acheter au supermarché en face de la même gare et vite. Avez-vous déjà essayé de traverser une quatre voies, sans passage piéton ou les feux rouges font office de décoration dans un flux contenu de pétarades et de klaxons vociférants, c’est un acte suicidaire !

Munis du fameux sésame, nous embarquons dans un train plutôt moderne et confort pour un voyage de quarte heures à travers un paysage sublime, un dédale de rizières, en arrière plan de majestueux volcans fumant dangereusement ou s’active 75% de la population dans de multiples tâches, il peuvent cultiver jusqu’à trois récoltes de riz par an. Arrivés en gare, on doit traverser plusieurs trains en marche pour d’autres destinations dans une cohue toute asiatique afin d’accéder au quai n°1 d’où l’on doit encore traverser une rangée de voies encore fumantes pour atteindre la sortie de la gare où nous attendent tout sourire des vieillards édentés munis de pousse-pousse d’un autre âge bariolés de couleurs.

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