Le MC des steppes
Ulan Bator n'a de rouge que son nom.

Le capitalisme est en marche depuis 20 ans. La moitié de la population se concentre aujourd'hui dans la ville du heros de 1911 se déplaçant dans d'enormes 4x4 fleurant bon l'argent propre.

Les mongols de la capitale flambent leurs tugriks au Brooklyn Cafe, au California et les femmes aux jambes imberbes s'offrent une épilation au Super Beauty.

Tchouka, mongole quadra, scolarise ses enfants dans une école internationale. L'aîné étudie a Bijing. La mère de famille me confie que l'anglais est devenue la premiere langue de ses trois fils lorsqu'ils se retrouvent dans le salon de sa villa sur les hauteurs de UB.
Avec son mari, qui travaille au gouvernement, ils se sont installés il y a quelques années dans une résidence que rien ne vient troubler si ce n'est les pas de la police privée.

Tchouka est athée mais m'avoue avoir recours régulièrement à son chaman, comme tout le monde dit-elle. Bien sûr on rase la tête des petites filles aux anniversaires paires et celles des garcons aux impairs mais mieux vaut ne pas prendre de risque et consulter afin de trouver la meilleure date pour cette cérémonie dans le calendrier lunaire avant de priver l'enfant de la protection de ses cheveux de naissance.

Le boom minier est en marche, la terre de Genghis Khan est riche, jamais déflorée.
Les croyances de ce pays l'ont protégé contre lui même.
Entailler la terre n'est concevable au risque de provoquer l'ire des esprits de la nature.

J'ai partagé une biere avec une équipe de journalistes en plein tournage qui m'expliquait que chaque mine s'offre les services d'un chaman pour les cérémonies de réparation. Ce n'est pas le cas des ninjas, qui, la nuit, viennent ramasser les miettes de l'exploitation du jour dans leur capuche. Il faut avoir les moyens maintenant pour se payer les services du MC des steppes!

La voix des esprits est devenue business man depuis le départ des troupes rouges, voyant sa communauté passer de 30 a 3000 sujets.
La concurrence est là mais le capitalisme crée le marché, la demande de cérémonies est croissante. De persécuté, le chaman est devenu la solution de conciliation entre traditions et développement économique.

Les mines ont besoin de routes et d'eau et les chinois, vainqueurs du marché, s'activent sur cette terre vierge tandis que les nomades interpellent qui veut bien les entendre sur l'assèchement de leurs rivières.

L'agriculture n'est pas encore visible, mais la course à la rentabilité transformera certainement rapidement cette terre où l'homme avait si bien su se rendre invisible.

À UB les chamans ont baissé les bras. À quoi bon, les constructions chinoises du centre sont vouées au péril passé leur premier anniversaire et les yourtes de plus en plus nombreuses de la banlieue ne créent que de dommages sociaux.
Le MC à UB s'occupe des familles, de Tchouka.

Les poches pleines, le chaman se paye un restau et nous aussi, deux semaines de bique séchée ouvrent l'appétit!
Après avoir testé les coréens de la ville, nous sommes partis à la conquête des japonais! Cette croisade nippone nous a mis sur la route d'un chef ayant vécu 5 ans à Marseille au service de Passedat du Petit Nice!

Le monde est petit! trop petit... la contamination galope et bientôt le nomade mongole ne sera plus ou parqué dans des réserves. L'histoire a déjà été écrite.

Hatez vous les amis. Ce pays et son peuple sont d'une rare beauté.


Le MC des steppes

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