Nous sommes à Veliko Tarnovo dans le centre Nord de la Bulgarie, charmante bourgade où coule la Yantra et se serrent les maisons à flanc de coteau créant un dédale de ruelles avec vue sur la citadelle. Le genre d'endroit ou l'on devine l'adresse de son interlocuteur à la taille de son mollet!


Buzludzha, la Mecque du communisme
C'est à Veliko que nous rencontrons Todor, tendre molosse qui nous propose de nous chaler jusqu'à Buzludzha. Changement de programme, Bucarest attendra! Les premiers lacets d'asphalte annoncent l'ascension. Maxime passe devant. Todor est suspendu à ses hoquets et gémissements. Il lui passe doucement la main dans les cheveux. Todor parle français, il a vécu à Paris, il vendait des toiles sur la place du Tertre. Quelques anecdotes et virages plus tard, nous voyons surgir le mythique Buludzha en haut du pic éponyme.

C'est à 1500 m d'altitude qu'est échouée cette soucoupe et sa tour étoilée. Ambiance post-apocalyptique. Autour,
le néant, des forêts en contrebas, des éoliennes au loin. La face de Todor se fend d'un large sourire face à nos mines déconfites. "Calmés les amis?" Cacahouète rompt le silence "il est vraiment rigolo ce château rond!". "On y va?" Oui Todor, allons voir de plus près ce monstre brutaliste!

L'entrée est scéllée. De part et d'autre des caractères cyrilliques orphelins et de guingois reprennent l'hymne à la gloire de l'homme nouveau. Au dessus "Never forget your past" en capitales rouges lorgne sur l'ironique "Enjoy communism", typo coca. Un bon résumé. "Suivez-moi les amis". Todor nous invite à contourner le spaceship par la droite. Il va falloir se hisser dans un trou de rat sans baisser les yeux 10m en dessous de nos fessiers. Il fait noir, on peine à imaginer la splendeur passée si ce n'est les volumes des trois imposants escaliers qui mènent à l'auditorium.

Quelques dalles de marbre ça et là éclairées au hasard des rais de lumières échappés du toit défoncé. Deuxième choc. Merde, l'idéologie sait se mettre en scène! La boule à facettes d'Auroville à côté manque sérieusement de motivation! Nous sommes dans l'auditorium. 500 m2, 15 mètres de hauteur sous coupole. Ils sont tous là! Marx, Engel, Lénine et les camarades, magnifiés par le travail des meilleurs artistes de l'époque. Marbre et verre s'unissent en de savantes mosaïques aux traits purs, durs et guerriers. L'atmosphère est iréelle, on touche au religieux. Paradoxe ultime. L'église est désertée, le maître de cérémonie a été décapité, les milles éclats de pierre de son portrait ont disparu une nuit de 89. Le pillage, la neige, Buzuldzha ne sera bientôt qu'un vestige de notre histoire, un champ de fers à béton, sinistre.

En 2011 le gouvernement bulgare a refilé le bébé au parti socialiste :"Nous allons les laisser en prendre soin parce que nous pensons qu'un pays qui ne respecte pas son passé n'a pas d'avenir."

Pour l'heure Buzuldzha est coincé dans son passé, entre aversion et fascination.

Buzludzha, la Mecque du communisme

Buzludzha, la Mecque du communisme

Buzludzha, la Mecque du communisme

Buzludzha, la Mecque du communisme

Buzludzha, la Mecque du communisme

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