Nous embarquons dans un mini van après d'âpres négociations pour 3 heures de route qui finiront en 7 heures pour Haputale, du coup, je me sens un peu merdeux d'avoir chipoté pour 10 euros !


La montagne ça se gagne !
Notre chauffeur fait le fier à bras car lui il prend l'autoroute où traversent les éléphants alors que ses collègues font un détour, à midi il ne prend pas beaucoup de risque, les pachydermes dorment ! Il est un peu roublard le Sri Lankais et un peu tranquille, faut pas trop en faire dans la journée, ça c'est le côté insulaire mais pas farouche non plus.

Après quatre coups de fil interminables avec notre hôte, il nous répète sans cesse "on est à 10 minutes " en dodelinant de la tête. Anne pat à envie de s'en servir comme punching-ball. On s'enfonce de plus en plus dans la jungle, dans ces routes de terre cahoteuses qui font rire jaune "Le Capitaine", véridique c'est écrit sur sa carte de visite. Un énième coup de fil à un croisement, quand un tuk-tuk noir surgi de nul part fait demi tour sur une roue et nous engage à le suivre. Le chemin s'aggrave, le pont en travaux oblige Le Capitaine à passer à guet, il ronchonne à nous en faire mourir de rire, Anne parie qu'il va capituler.

En entrant dans la propriété de nos hôtes on aperçoit sur un promontoire deux jolies petites maisons blanchies à la chaux noyées dans la jungle. Le Capitaine pile et flanche "mais cet hôtel devrait avoir un service de taxi privé"! Anne se gosse, je le pousse à faire les cinq cent mètres restant qu'il exécute moins vite qu'à pied dixit Max, en maugréant "plus jamais je remets les pieds ici" alors qu'il y a une heure, il m'a tendu sa carte de visite tout sourire "je viens vous rechercher quand vous voulez, c'est très isolé ici". Ses douze milles roupies en poche, il prend la tangente.

Shirani nous reçoit dans un petit salon qui domine là forêt et nous en met plein la vue. Nous avons un grand salon décoré avec de belles antiquités sri lankaises et une immense chambre, encore une fois nous sommes les seuls clients. Johan est le chef cuisto, mais aussi le manager, le préposé au nettoyage de la piscine... Bref l'homme à tout faire. Métis sri lankais et hollandais, Ils nous bichonne pendant cinq jours et nous régale les papilles de délicieux currys de poulet.

Nous partons en excursion en tuk tuk à la découverte de la jungle et de ses habitants, nous achetons du poivre à une famille qui loge dans une maison en torchi et toit de chaume. Éberlués de voir des toubabs leur acheter du poivre, ils nous invitent a prendre un thé, le garçon nous emmène ensuite pister l'éléphant. On traverse des rivières, escalade d'immenses arbres déracinés, on s'enfonce dans la pénombre de la forêt où se cachent les animaux tant convoités, on nous montre des bouses fraîches énormes, on arrive au bord d'une source qui jaillit du sol avec des traces de pas mais il se terre le coquin, le garçon nous explique que ici le pachyderme n'est pas le bien venu, il détruit les récoltes et les maisons, un truc de touristes quoi.

Nous finissons notre promenade dans ces chemins de terre par un détour à l'école des champs, une formidable rencontre avec des élèves tout sourire qui offrent de superbes dessins à Max et Mahault exécute une ligne de "A" sur le tableau noir.

Le lendemain nous partons pour voir les plus grandes chutes d'eau du Sri Lanka, soit disant à 1h30, on abandonne à mi chemin ayant compris qu'elles étaient à trois heures. Yohan nous a attribué un chauffeur de tuk tuk au regard beauvin avec une coupe de cheveu à la Mac Gyver, qui nous offre un sourire aux dents rouges de bétel et manque de me cracher sur ses pieds toutes les dix minutes. Finalement, nous avons trouvé une petite cascade ravissante où nous nous sommes offerts un fishspa avec des centaines de poisons qui s'en donnent à cœur sur ma peau et nous font mourir de rire à en pleurer.

Shirani nous propose de dormir dans sa maison de Nuwara Eliya, une petite Londres à 4 heures de notre repère, par une petite route sinueuse parsemée de plantations de thé, petits arbustes tondus donnant d'étonnantes formes aux collines. Arrivés à Londres à 3000 mètres d'altitude, on ressort polaires et chaussures, il fait 10 degrés, on en a perdu 25 ! Il n'y a vraiment que ces fous d'anglais pour aller se construire une réplique de leur ville dans une climat pluvieux, glacial et brumeux. Les sri lankais sont habillés comme nos africains parisiens et semblent déconcertés, coupant aux ciseaux la pelouse de belles demeures au style victorien ou nous allons boire un thé et nous déshumidifier devant un flamboyant feu de cheminée aux noix de coco !

Enfin un petit paradis authentique qui nous rappelle notre voyage précédent.

La montagne ça se gagne !

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La montagne ça se gagne !

La montagne ça se gagne !

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