Au sud de Quito, nous embarquons dans un bus collectif, sur un rond-point sombre où attend une horde de déguenillés.


J’ai perdu une dent au Cotopaxi
Nous voyageons debout dans un flipper qui me balade d’une fesse à un sein bien rembourré durant une heure. Il nous laisse choir sur l’autoroute dans un ballet de camions et de bus. Un pickup nous aspire pour une heure de piste cahoteuse.

Nous découvrons un décor aride, sec et vallonné où l’on touche les nuages. Nous atteignons les 4000 mètres. Face à nous se dresse le Cotopaxi, majestueux volcan surmonté d’un cône de neige éternel culminant à 5 897 mètres d'altitude. Il est le plus haut volcan actif du pays faisant face à son frère le Chimborazo. Sous cette voute céleste, on rapetisse et nous inclinons, happés par la magnificence des lieux.

Allongés dans notre lit le feu crépite dans une cheminée, nous contemplons l’ogre endormi dans notre maison de chaume, seule empreinte de l’homme à l’horizon. Les chevaux sauvages ruent en liberté dans les pâturages, les aigles surveillent leurs proies. Les cinquante mètres de dénivelé qui séparent notre maison du mess deviennent un effort surhumain. On avance à petit pas, le souffle court, les muscles tendus, le cerveau à peine irrigué, les yeux floutés, maladroits et honteux. Exilés sur le sol au milieu des huées, l’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Mahault se réveille les yeux injectés de sang, ne supportant plus l’éclatante réverbération du volcan ; Sa tête semble exploser, ses jambes ne la portent plus, le mal des montage la gagne. Ma mâchoire se crispe, il semble que mes plombages vont s’extraire par eux même, Anne et Max ne sont pas vaillantes pour autant.

Nous enfourchons avec Maxime nos montures pour s’approcher encore plus près du Graal, vêtus d’un poncho en laine de lama. On se protège des rafales glaciales qui creusent encore plus les rides de mon visage, imitant les coulées de lave du géant encore actif aujourd’hui. Son dernier pet remonte à août 2015, depuis il est passé « à un bruit de fond » dépassant rarement les 20 secousses telluriques par jour ! Il semblerait que ce magma frais se soit arrêté à 8-10 km de profondeur et que, pour l'instant en tout cas, tout le système se soit stabilisé. Les chevaux s’emballent dans ce décor de cinéma, on franchit des cols, des rivières gelés dans un canyon rougeoyant.


Mahault à son réveil perd une incisive en croquant dans un pain au lait et retrouve un merveilleux sourire édenté.

J’ai perdu une dent au Cotopaxi

J’ai perdu une dent au Cotopaxi

J’ai perdu une dent au Cotopaxi

J’ai perdu une dent au Cotopaxi

J’ai perdu une dent au Cotopaxi

J’ai perdu une dent au Cotopaxi

J’ai perdu une dent au Cotopaxi

J’ai perdu une dent au Cotopaxi


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